Photo: KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI
Le parquet général demande un procès pour viol pour une seule des quatre accusatrices de Tariq Ramadan, selon une source proche du dossier. L’islamologue suisse avait été renvoyé en procès à l’été 2023 devant la cour criminelle départementale de Paris pour des viols sur quatre femmes, a indiqué une source judiciaire, confirmant d’autres sources proches du dossier. L’homme a toujours nié les faits dont il était accusé. Les viols auraient été commis entre 2009 et 2016 selon les différentes plaignantes.
Les faits dont le parquet demande l’abandon courent jusqu’en 2016 et concernent d’autres femmes dénonçant parfois plusieurs viols : Henda Ayari, une ex-salafiste devenue militante laïque qui avait déclenché l’affaire en portant plainte en octobre 2017 pour un viol qui aurait eu lieu en 2012 à Paris ; Mounia Rabbouj, une ex-escort girl qui avait accusé Tariq Ramadan de neuf viols entre 2013 et 2014 ; une troisième femme, identifiée par la police sur des photos et des messages retrouvés dans son ordinateur, pour des faits remontant à 2016.
Maître Pascal Garbarini, Le principal avocat de Tariq Ramadan : « Les réquisitions de l’avocat général qui écartent les accusations de viols de trois plaignantes sur quatre confirment ce que la défense de Monsieur Ramadan soutient depuis le début de cette procédure … Je vais désormais convaincre, avec mes confrères, la chambre de l’instruction saisie de l’appel de l’OMA de confirmer les réquisitions et de prononcer un non-lieu total en écartant l’accusation que je considère comme totalement infondée de Christelle »
Dans ce dossier emblématique de l'ère #MeToo, les plaignantes ont décrit des relations sexuelles particulièrement brutales: selon l'ordonnance, certaines ont relaté "la main qui tient et force la tête, le bras qui empêche de bouger ou de se retourner, le poids du corps, le regard de fou, les paroles de domination et de soumission, les ordres, les gestes, cette attitude pour imposer les pénétrations". M. Ramadan, 60 ans, a pour sa part d'abord nié avoir eu des relations sexuelles extraconjugales avant d'être contraint de reconnaître, face aux preuves accumulées par la justice, des "relations de domination", rudes mais "consenties". Les charges contre M. Ramadan reposaient notamment sur l'"emprise" qui aurait été exercée sur ces femmes qui l'admiraient. Mais dans ses réquisitions signées jeudi, l'avocat général conteste la réalité d'une telle emprise concernant "Christelle", Henda Ayari, Mounia Rabbouj et la troisième femme. Pour "Christelle", toutefois, le parquet estime que les éléments sont réunis pour caractériser un viol avec violence sur personne vulnérable.
L'audience aura lieu devant la chambre de l'instruction le 29 mars. La décision sera ensuite mise en délibéré.