Les manifestants ont été systématiquement dispersés par les gendarmes à coups de gaz lacrymogènes. Dakar, le 4 février 2024. AP - Stefan Kleinowitz
Des heurts ont éclaté dimanche après-midi à Dakar, où les gendarmes sénégalais ont dispersé à coups de gaz lacrymogènes des centaines de personnes venues manifester contre le report sine die de la présidentielle prévue à la fin du mois, annoncé la veille par le président Macky Sall. Des opposants et candidats à la présidentielle ont été interpelés alors qu'ils participaient à la manifestation.
A la suite de cette décision sans précédent, qui a suscité un tollé, l’opposition avait appelé à manifester dans la capitale sénégalaise dimanche et à maintenir la campagne électorale comme prévu. Des hommes et des femmes de tous âges, agitant des drapeaux du Sénégal ou portant le maillot de l’équipe nationale de football, ont convergé en début d’après-midi vers un rond-point sur l’un des axes routiers principaux de la capitale, à l’appel de plusieurs candidats.
L’intellectuel Felwine Sarr : « Toutes les forces vives de la nation doivent s’organiser, agir et obtenir la restauration du calendrier républicain »
Samedi, quelques heures avant l’ouverture officielle de la campagne, le président Sall a annoncé l’abrogation du décret fixant la présidentielle au 25 février. C’est la première fois depuis 1963 qu’une présidentielle au suffrage universel direct est reportée au Sénégal. Le pays n’a jamais connu de coup d’Etat, une rareté sur le continent, alors qu’ils se sont succédé ces dernières années en Afrique de l’Ouest.
L'opposante et ancienne Première ministre Aminata Touré a été arrêtée lors d'un des rassemblements, a fait savoir le député d'opposition Guy Marius Sagna. Des informations circulent par ailleurs, selon lesquelles une candidate à la présidentielle, Anta Babacar Ngom, était également détenue. Dans la confusion, les autorités ont suspendu le signal de la télévision privée Walf TV, coupable selon elles "d'incitation à la violence" à travers ses images des protestations.