Le groupe français de laboratoires d'analyses Eurofins Scientific a démenti, le 25 juin 2024, les allégations de malversations financières portées par le fonds activiste américain Muddy Waters.
Dans un rapport au vitriol destiné à convaincre les investisseurs de vendre le titre, Muddy Waters livrait plusieurs accusations. La société de recherche de Carson Block dénonçait une entreprise "optimisée pour la malversation".
Muddy Waters estimait que le fondateur, directeur général et actionnaire de contrôle d'Eurofins, Gilles Martin, se constituait un patrimoine immobilier en "siphonnant" l'argent de la société. Le vendeur à découvert mettait également en cause la sincérité du cash de la société, s'étonnait de voir un revenu par employé aussi élevé chez Eurofins par rapport aux autres sociétés des TIC (tests, inspections, certifications) et soulevait également des doutes sur la politique d'acquisitions de la société. Le groupe de laboratoires d'analyse a rejeté les accusations du célèbre vendeur à découvert, qui ont fait plonger le cours de plus de 16 % lundi. Mardi, dans les premiers échanges, le titre a rebondi de plus de 4 %.
Eurofins : « Muddy Waters n'a jamais participé aux événements organisés par Eurofins à l'intention des investisseurs, et n'a jamais eu de contact direct avec Eurofins pour évaluer la justesse ou la pertinence de ses suppositions, hypothèses et déductions, ce qui aurait permis d'éviter la diffusion d'informations inexactes, non pertinentes ou trompeuses et la déformation des faits pour dénigrer de manière malveillante la société et son équipe dirigeante… ce rapport émane d'une société qui pourrait potentiellement tirer profit d'une baisse du cours de l'action Eurofins »
Carson Block, fondateur de Muddy Watters : « Tout le monde nie dans un premier temps ces accusations, y compris Jean-Charles Naouri. »
Eurofins contre-attaque. Il dit vouloir fournir en temps voulu des réfutations plus détaillées, mais d'ores et déjà, le groupe liste tout un tas d'inexactitudes dans le rapport de Muddy Waters. Parmi les points relevés par Eurofins, si certains éléments de trésorerie sont parfois présentés pour répondre à des réglementations locales, il n’y a aucune double comptabilisation de cette trésorerie, éliminée dans le cadre des opérations intra-groupe et de la consolidation dans les états financiers, qui sont systématiquement audités tant au niveau local que consolidé et avec toutes les certifications bancaires et autres contrôles nécessaires.
Eurofins dément tout autant les accusations d’opérations visant à faciliter une majoration de certains actifs immobiliers via des intermédiaires "de paille" ou fantômes, mais aussi des erreurs dans le cadre du reporting de chiffres, le groupe utilisant depuis de nombreuses années des technologies reconnues telles que Microsoft Dynamics, Microsoft Great Plains, IBM Cognos et Coupa. Démenti également, aux affirmations quant à un revenu par employé au-delà des normes du secteur, ce qui serait "trop beau pour être vrai", alors qu’il existe des effets évidents de mixité géographique, de type de services et de secteurs desservis.
Dans une note publiée mardi, Oddo BHF estime que certains points du rapport de Muddy Waters manquent de pertinence et que certains arguments du fonds activiste sont limités par le fait qu'ils s'appuient sur des données difficiles à vérifier et basés sur de nombreux témoignages anonymes.