La police française a expulsé une trentaine d'adolescents et de jeunes hommes d'Afrique de l'Ouest d'un camp de fortune, dans le cadre de ce que les organisations humanitaires décrivent comme une campagne de "nettoyage social".
Avant l'aube, par une matinée d'avril exceptionnellement froide, une trentaine d'adolescents et de jeunes hommes originaires d'Afrique de l'Ouest ont été réveillés par la police et priés de ranger leurs tentes et leurs affaires. La plupart d'entre eux étaient mineurs et cherchaient à obtenir des papiers de séjour. L'opération a eu lieu quelques jours après que la police a procédé à une expulsion à grande échelle du plus grand camp de squatters de France, dans une banlieue au sud de Paris.
Une fonctionnaire : « Ce n'est pas si terrible d'aller en province, ni de faire un aller-retour Besançon-Paris, surtout pour des gens qui ont déjà traversé de nombreux pays … Les associations ne proposent aucune solution, elles proposent juste aux gens de continuer à dormir dans la rue ».
Elias Hufganel, membre de l'ONG Utopia 56 : « C'est un autre exemple du nettoyage social qui se produit à Paris avant les Jeux Olympiques. Tous les campements de Paris sont évacués par la police parce qu'ils veulent un endroit propre pour les Jeux Olympiques, pour les touristes. Ils ne veulent pas voir Paris comme une ville pleine de migrants, de demandeurs d'asile. »
Les autorités maintiennent que ces évacuations, confiées à la police, n'ont aucun lien avec l'organisation des Jeux cet été à Paris. Sur le terrain, le ressenti est tout autre. A proximité de l'Institut du monde arabe et des bords de Seine, Elias et les autres bénévoles ramassent les toiles de tente et les couvertures pour éviter qu'elles ne soient jetées par les services de police. Un bénévole d'Utopia 56 cherche des solutions avec l'un des migrants et indique un endroit boisé en banlieue, où les évacués du jour pourront replanter leurs tentes. Les groupes d'aide qui travaillent avec les migrants et d'autres personnes vulnérables en région parisienne affirment que ces efforts s'intensifient à l'approche des Jeux olympiques. Elles notent que les personnes sont envoyées loin de la capitale au lieu d'être hébergées en région parisienne, où de nombreux demandeurs d'asile doivent comparaître devant les tribunaux.
La préfecture assure aussi aux migrants qu'ils bénéficieront, loin de Paris, d'un hébergement durable et d'un accompagnement social. Les associations assurent avoir des retours différents de jeunes migrants qui ont accepté cette option lors de précédentes opérations.