Ahmed Hachani (à droite) avait prêté serment devant le président Kais Saied, le 1er août 2023. — © Tunisian Presidency HANDOUT / keystone-sda.ch
Le Premier ministre tunisien Ahmed Hachani a été limogé mercredi soir, sans explications officielles, a annoncé la présidence tunisienne dans un communiqué. Il est remplacé par le ministre des Affaires sociales Kamel Madouri, récemment nommé à l'exécutif.
Ahmed Hachani avait lui-même succédé le 1er août de l’an passé à Najla Bouden, elle aussi remerciée sans justifications officielles par le président Kais Saied, qui accapare tous les pouvoirs en Tunisie depuis son coup de force du 25 juillet 2021 et est accusé de dérive autoritaire par ses détracteurs. M. Hachani avait publié dans la journée deux vidéos faisant le point, notamment, sur des mesures prises face à la pénurie d’eau et la situation difficile des transports publics.
Agnès Callamard, la secrétaire générale de l’ONG Amnesty International : « alarmée du recul extrême des droits… j’ai observé une répression gouvernementale alimentant la peur au lieu des débats animés d’une scène politique pluraliste … des détentions arbitraires d’opposants, les restrictions et les poursuites contre certains candidats et l’emprisonnement de journalistes. »
Rappelons que Kamel Maddouri avait été nommé le 25 mai 2024, ministre des Affaires sociales en remplacement de Malek Ezzahi, lors d’un remaniement partiel effectué par le chef de l’Etat Kaïs Saïed. Il sera donc resté à peine un peu plus de deux mois à ce poste. Il occupait avant cela la fonction de PDG de la Caisse nationale d’Assurance-Maladie (Cnam). Depuis le 8 février 2023, avant d’être remercié au mois de décembre de la même année. Il avait par ailleurs occupé le poste de directeur général de la sécurité sociale avant d’être nommé président directeur général de la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (CNRPS) en 2020. Un profil par conséquent très axé sur le social, ce qui fait de lui un homme apprécié de l’aile gauche des cercles saïdistes.
Élu démocratiquement en octobre 2019, Kaïs Saïed s'est octroyé tous les pouvoirs il y a trois ans, limogeant son Premier ministre de l'époque et suspendant le Parlement, par la suite dissous. Après avoir révisé en 2022 la Constitution pour instaurer un régime hyper-présidentialiste et fait élire un nouveau Parlement aux pouvoirs très limités, il a annoncé récemment briguer un deuxième mandat lors de la présidentielle qui aura lieu en Tunisie le 6 octobre.