Des bouteilles d'eau gazeuse Perrier vendues dans un supermarché à Briançon (Hautes-Alpes), le 13 mars 2024. (THIBAUT DURAND / HANS LUCAS / AFP)
Au moins deux millions de bouteilles de Perrier ont été détruites, annonce le groupe Nestlé à franceinfo et au journal Le Monde ce mercredi soir, après la découverte de traces de matières fécales et de germes dans l'un de ses puits.
Dans un arrêté datant du 19 avril, le préfet du Gard a mis en demeure l'entreprise de "suspendre sans délai" l'exploitation d'un de ses captages d'eau sur le site produisant Perrier, à Vergèze, près de Nîmes, alors qu'une note de l'Anses mettait en garde contre la qualité des eaux.
L’arrêté : « Ce captage a présenté un épisode de contamination à partir du 10 mars 2024 et sur plusieurs jours par des germes témoins d’une contamination d’origine fécale … qu’une contamination des eaux conditionnées (produits finis) à partir de ce forage (…) ne peut être exclue (…) et peut faire courir un risque pour la santé des consommateurs ».
La direction de Nestlé Waters France: « Les bouteilles disponibles sur le marché peuvent être consommées en toute sécurité »
L'exploitation du puits concerné ne pourra reprendre qu'en remplissant une série de conditions, selon l'arrêté préfectoral, notamment la recherche et la «suppression» des sources de contamination. Le minéralier, aussi propriétaire en France des marques Vittel, Contrex et Hépar, est sous pression depuis fin janvier, quand il a admis publiquement avoir eu recours à des traitements interdits pour les eaux minérales (désinfection par lampe UV, filtration sur charbon actif, notamment), afin de garantir une consommation sans risque. L'entreprise n'a pas chiffré la perte de production. «Certaines références» de la marque Perrier, créée en 1903, seront disponibles «en moindre quantité», a-t-on simplement indiqué de même source. Olivier Almeras, représentant CGT de la source de Vergèze, a estimé que la destruction pourrait concerner une quarantaine de millions de bouteilles sur un stock de 1,4 milliard.
L’annonce du minéralier intervient alors qu’il est sous pression depuis fin janvier, lorsqu’il a admis avoir eu recours à des traitements interdits sur certaines de ses eaux pour maintenir leur qualité. Il avait ensuite assuré avoir «intensifié la surveillance» de ses forages français «sous le contrôle des autorités». Certains puits ont été suspendus dès l’an dernier dans les Vosges. Plusieurs médias ont ensuite révélé le 4 avril, un document confidentiel de l’Anses estimant que les eaux minérales de Nestlé, commercialisées en France, sont contaminées par des bactéries, pesticides et Pfas (polluants éternels) et que leur qualité sanitaire «n’est pas garantie». Quelques jours plus tard, le Sénat a lancé une mission d’information parlementaire sur le sujet. Il entend «faire la lumière sur les défaillances de l’État» en matière de contrôle des fabricants d’eaux en bouteille.