(François Walschaerts : various sources/AFP)
L’économiste Gabriel Zucman préconise un impôt minimum mondial de 2 % sur la fortune des milliardaires pour corriger les déséquilibres fiscaux et promouvoir une répartition plus équitable des richesses à l’échelle globale
Missionné par le G20, l'économiste français Gabriel Zucman a présenté les contours techniques d'une taxe mondiale sur les milliardaires ce mardi. Il propose de créer un impôt de 2% sur la fortune des quelque 3 000 milliardaires dans le monde, qui pourrait rapporter entre 200 et 250 milliards de dollars chaque année. Concrètement, un individu dont la fortune serait évaluée à 40 milliards de dollars devrait s'acquitter chaque année d'un impôt de 800 millions d'euros, sous réserve que son impôt sur le revenu n'ait pas déjà atteint ce niveau. Auquel cas il n'aurait pas à le payer. Elargie aux personnes dont la fortune oscille entre 100 millions de dollars et 1 milliard, cette taxe pourrait même rapporter 100 à 140 milliards de dollars de plus, évalue l'étude.
Gabriel Zucman : « Les très grandes fortunes bénéficient d'un gigantesque privilège fiscal, elles payent en impôt beaucoup moins que toutes les autres catégories sociales … Personne ou presque ne peut être d'accord avec une situation où les contribuables les plus favorisés, ceux qui ont la capacité contributive la plus élevée, ceux qui ont le plus bénéficié de la mondialisation, ont le droit de payer moins que les enseignants, les pompiers … Le niveau de taxation des milliardaires doit être évalué à la lumière du taux de rendement du patrimoine avant impôt observé pour les personnes très fortunées »
L’argumentation de Zucman repose sur le constat que la richesse des ultra-riches est principalement constituée de patrimoine, comme des actions et des biens immobiliers, dont la valeur a considérablement augmenté avec le temps, principalement grâce à la croissance des marchés financiers. Cette accumulation massive de richesse, combinée à des lacunes dans les systèmes fiscaux nationaux et internationaux, a permis aux milliardaires de bénéficier d’un traitement fiscal préférentiel, payant proportionnellement moins d’impôts que les travailleurs ordinaires.
La philosophie d'un impôt mondial sur les plus riches est déjà soutenue au G20 par le Brésil, la France, l'Espagne et l'Afrique du Sud. Les Etats-Unis se sont en revanche dits contre.