Les forces de l’ordre ont fait face à des tirs de carabines de chasse. THEO ROUBY/AFP
Des émeutes ont émaillé la journée et la soirée de lundi, alors que s'ouvraient les débats sur la réforme constitutionnelle à Paris.
Les premières altercations avec les forces de l’ordre ont commencé dans la journée de lundi, en marge d’une mobilisation indépendantiste contre la réforme constitutionnelle examinée lundi à l’Assemblée nationale, qui vise à élargir le corps électoral aux élections provinciales, cruciales en Nouvelle-Calédonie. Etabli en 1998 par l’accord de Nouméa, le corps électoral est en effet gelé, ce qui a pour conséquence, 25 ans plus tard, de priver de droit de vote près d’un électeur sur cinq. Pour le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin, qui a porté cette réforme constitutionnelle, cette disposition "n’est plus conforme aux principes de la démocratie". Mais les indépendantistes critiquent à l’inverse un dégel qui risque de "minoriser encore plus le peuple autochtone kanak". Le projet gouvernemental sera soumis à un vote solennel des députés mardi 14 mai après-midi.
Nicolas Matthéos, commandant de la gendarmerie de Nouvelle-Calédonie : « Nous avons été confrontés depuis plus de vingt-quatre heures à un vrai déchaînement de haine, un déferlement de jeunes souvent alcoolisés, manifestement manipulés et d'une violence assez inouïe »
Quarante-trois gendarmes ont été blessés, selon un bilan effectué à 06H00 (heure de Paris) par la gendarmerie, qui a fait état de 13 interpellations. Des brigades de gendarmerie ont été attaquées, selon la même source, évoquant des émeutiers essayant de pénétrer dans les lieux "avec des sabres", des "caillassages" et des "tirs". En zone police, 49 personnes ont été interpellées et neuf policiers blessés, selon une source policière. Dans la crainte d'un enlisement, des éléments du GIGN, du RAID, son équivalent pour la police, quatre escadrons de gendarmes mobiles et deux sections de la CRS 8, une unité spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines, ont été mobilisés.
Le haut-commissaire de la République a décrété un couvre-feu dans le Grand Nouméa à partir de 18 heures (soit 9 heures ce mardi matin, heure de la métropole) et jusqu’à 6 heures mercredi, renouvelable autant que de besoin, et l’interdiction de tout rassemblement. De même, il est interdit de transporter des armes et de vendre de l’alcool sur tout le territoire calédonien.