MARY ALTAFFER / POOL VIA REUTERS
Pour la première fois de l'histoire des Etats-Unis, un président américain a été inculpé au pénal par un grand jury. Ce lundi 15 avril, s’ouvre le procès pénal historique de Donald Trump, pour une affaire de paiements destinés à acheter le silence de l’ancienne star du X Stormy Daniels.
L'homme d'affaires est accusé d'avoir maquillé les comptes de son groupe immobilier en 2016, alors qu'il briguait déjà la Maison Blanche, pour dissimuler des paiements destinés à faire taire Stéphanie Clifford, une ex-star de films X sous le pseudonyme de Stormy Daniels, au sujet d'une supposée relation extraconjugale survenue dix ans plus tôt, que Donald Trump dément. Au total, Donald Trump est visé par 34 chefs d'inculpation pour "falsification de documents comptables" et chacun d'entre eux est passible de quatre années d'emprisonnement. L'ex-président des États-Unis a plaidé non coupable de tous ces chefs.
Stormy Daniels : « Tout ce que j'avais à faire était de signer un bout de papier pour garder le silence. »
Donald Trump : « Je vais témoigner. Je dis la vérité »
Quand le scandale a éclaté en 2018, Donald Trump, alors à la Maison Blanche, a nié toute relation avec cette ancienne actrice de film X. Le président américain de l'époque a assuré ne rien savoir du paiement… pour finalement dire qu'il s'agissait de stopper une tentative d'« extorsion ». Il a plaidé non coupable et dénonce un procès politique. Ses avocats – Susan Necheles et Todd Blanche, formant un duo d'avocats chevronnés et rompus à la criminalité en col blanc – comptent mettre en cause la fiabilité du témoignage de Michael Cohen et convaincre le jury que des poursuites pénales ne tiennent pas. Surnommé le « pitbull », Michael Cohen est devenu la bête noire de Donald Trump. Passé de fidèle lieutenant à ennemi juré, il sera un témoin clé de l'accusation. C'est lui qui a versé l'argent à Stormy Daniels – à la demande de Donald Trump, assure-t-il – et la justice fédérale l'a déjà condamné pour ce paiement. Michael Cohen devrait détailler devant le jury l'implication présumée de l'ancien président, mais la défense va dépeindre un témoin peu crédible, lui qui a aussi été condamné pour fausses déclarations au Congrès américain. L'accusation entend démontrer que le camp Trump avait l'habitude d'étouffer des affaires embarrassantes avec de l'argent, en s'appuyant sur deux autres paiements similaires.
Donald Trump sera jugé par un jury de douze citoyens (et jusqu'à six suppléants) sélectionnés parmi plusieurs centaines résidant à Manhattan. Chacun sera longuement interrogé sur son opinion concernant Donald Trump ou sa capacité d'impartialité – avec la possibilité d'être récusé par le juge qui préside les débats, la défense ou l'accusation. Une sélection qui devrait tout de même durer une à deux semaines.