L'entrée de l'ambassade de France à Ouagadougou photographiée le 3 octobre 2022, deux jours après avoir été prise pour cible par des manifestants. © Olympia de Maismont, AFP (archives)
Trois diplomates français, dont deux conseillers politiques à l'ambassade de France à Ouagadougou, « sont déclarés persona non grata sur le territoire du Burkina Faso, pour activités subversives », annonce le ministère burkinabè des Affaires étrangères, dans un courrier daté du 16 avril 2024.
Le 1er décembre dernier, quatre fonctionnaires français – désignés comme des agents du renseignement par les autorités burkinabè, des techniciens de maintenance informatique selon une source diplomatique française – avaient été arrêtés à Ouagadougou, mis en examen puis incarcérés, selon la source française. Ils se trouvent aujourd'hui en résidence surveillée, selon des sources sécuritaires du Burkina. Un an auparavant, en décembre 2022, le gouvernement burkinabè avait expulsé deux Français qui travaillaient pour une société burkinabé, soupçonnés par les autorités d'être des espions.
Christophe Lemoine, porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères : « La France regrette la décision prise par le Burkina Faso de procéder à l’expulsion de diplomates et personnels français dont certains étaient affectés à l’ambassade de France au Burkina Faso. Nous rejetons les accusations infondées portées par les autorités burkinabè à l’encontre de nos agents. »
Ces trois personnes ont mené ces derniers temps un travail classique de diplomate, en rencontrant notamment des organisations de la société civile, des influenceurs, des hommes d’affaires et des chefs d’entreprise. Selon les informations de RFI, des rencontres auraient également été organisées avec des médias burkinabè. Des médias qui, selon une source, n’étaient pas dans la droite ligne de la junte, tout comme les organisations de la société civile rencontrées. Les autorités en auraient-elles pris ombrage ? C’est ce qui se murmure, côté français. Les trois diplomates ont 48 heures pour quitter le territoire. Mais, selon des informations, l’une des trois personnes mises en cause est déjà partie depuis plusieurs jours.
L’expulsion de diplomates français n’est que le dernier épisode d’une série de mesures prises par le Burkina Faso, y compris l’expulsion de l’attaché militaire français et de deux employés français accusés d’espionnage. Ces actions témoignent de la dégradation des relations, exacerbée par la suspension des opérations militaires françaises et l’accusation de partialité contre des médias français.