Le journaliste Stanis Bujakera Tshiamala. © DR
Stanis Bujakera Tshiamala est maintenu en détention à la prison centrale de Kinshasa après que sa demande de libération provisoire a été rejetée ce 27 février, ont déclaré ses avocats. Correspondant de Jeune Afrique à Kinshasa.
Stanis Bujakera Tshiamala est jugé depuis le mois d’octobre pour un article, non signé de son nom, ayant mis en cause les renseignements militaires dans le meurtre d’un opposant, l’ancien ministre Chérubin Okende.
Le chercheur Thomas Fessy : « Le rejet de la demande de liberté provisoire de Stanis Bujakera est inexplicable, et son maintien en détention après trois semaines formalise l’intimidation qu’il subit depuis son arrestation. Il a été interrogé sur un article dont il n’est pas l’auteur et qui ne porte pas sa signature. On lui demande de révéler les sources de cet article : au-delà du fait que la protection des sources est essentielle au travail d’enquête des journalistes, comment peut-il répondre d’un article qu’il n’a pas écrit ? L’article en question est basé sur une note présumée des renseignements à propos du meurtre de Chérubin Okende. Les autorités disent que cette note est un faux document. Soit. Pourquoi donc ne pas utiliser le droit de réponse pour contester l’authenticité de ce rapport et démontrer qu’il s’agit d’un faux ? S’en prendre au journaliste le plus suivi du pays, qui a déjà fait l’objet de menaces et d’intimidations cette année, il faut le rappeler, c’est en réalité s’en prendre à toute la presse du pays à un moment très important. Stanis Bujakera devrait donc être libéré, et les atteintes à la liberté de la presse, l’un des fondements des démocraties, doivent cesser si l’on veut réellement créer les conditions d’un cadre électoral apaisé. »
Ses avocats avaient déposé vendredi, au cours d'une audience de son procès, une nouvelle demande de mise en liberté, au lendemain d'une déclaration du président Félix Tshisekedi selon laquelle le journaliste serait "victime" des "tergiversations" d'une justice "malade". Le président avait ajouté qu'il prendrait "la décision qu'il faudra prendre", laissant espérer une mise en liberté prochaine.
Depuis son arrestation le 8 septembre, les appels se sont multipliés pour la libération de Stanis Bujakera, mais toutes ses demandes de liberté provisoire ont jusqu'à présent été rejetées.