Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko s'exprime lors d'une conférence avec Jean-Luc Mélenchon, leader de La France Insoumise, à l'Université Cheikh Anta Diop, à Dakar, au Sénégal, le 16 mai 2024. | NGOUDA DIONE / REUTERS
Le Premier ministre sénégalais a dénoncé ce jeudi, dans un discours, l’attitude de la présidence française lors de la répression sous Macky Sall dans le pays.
Ousmane Sonko a précisé s’exprimer en tant que chef de parti et non du gouvernement, à l’occasion d’une conférence sur les relations entre l’Afrique et l’Europe avec l’opposant de gauche radicale française Jean-Luc Mélenchon, virulent contempteur du président français. En présence de Jean-Luc Mélenchon dont il a salué le soutien constant, il est revenu sur le bras de fer que lui et son parti ont livré au pouvoir de 2021 à 2024 et qui a causé des dizaines de morts et des centaines d’arrestations. Le Premier ministre a également dénoncé la "néocolonisation" à l’œuvre selon lui dans les relations entre l’Occident et l’Afrique. Il a accusé Emmanuel Macron d’avoir accueilli et "félicité" son homologue sénégalais "au pire (moment)" de la répression.
Ousmane Sonko, premier ministre su Sénégal : « Durant toute la période de persécution extrêmement violente contre tout un mouvement politique, ayant entraîné et causé la mort de plus d'une soixantaine de personnes, des milliers de blessés, plus de 1.000 détenus politiques, vous n'avez jamais entendu le gouvernement français dénoncer ce qui s'est passé au Sénégal … La vérité, c'est que beaucoup de gouvernements européens et singulièrement français s'accommodaient mal de notre discours politique souverainiste et se sont fixé comme objectif de l'entraver. C'est ce qui explique le mutisme approbateur face à la sanglante répression du régime du président Macky Sall contre notre parti … Vous n’avez jamais entendu le gouvernement français dénoncer ce qui s’est passé … C’est une incitation à la répression, une incitation à la persécution et à l’exécution de Sénégalais qui n’avaient (commis d’autre) crime que d’avoir un projet politique »
M. Sonko s'était signalé en tant qu'opposant par ses sorties contre l'emprise politique et économique que continuait à exercer la France selon lui. Il a réaffirmé jeudi que son propos ne visait pas le "peuple français avec lequel nous n'avons aucun problème", mais "l'élite gouvernante actuelle". Il a assuré que ses positions ne changeaient pas avec l'accession au pouvoir.
M. Sonko a été emprisonné plusieurs mois et empêché de concourir à l'élection dont il était donné comme l'un des favoris. Il s'est fait remplacer pare son second Bassirou Diomaye Faye qui l'a emporté haut la main au premier tour contre le candidat désigné par M. Sall.